samedi 3 février 2024

Joyeux anniversaire Ariel Laforge, mon fils bien aimé

 


Ariel, chaque année, ton anniversaire me fait revivre le parcours de ta vie. Tu es l’enfant tant désiré de ma jeunesse. Je t’imaginais heureux de vivre. J’aspirais à mériter ta confiance. Par toi, j’allais apprendre à être mère.

 

J’ai souris à tes sourires, j’ai craint tes peurs et tes larmes ont été aussi mes larmes. J’ai accompagné tes pas autant que tu as accompagné les miens. Notre vie était comme un vaisseau sur un océan dont la beauté, dans le calme comme dans les tempêtes, nous a mené vers nos terres. La traversée fut souvent houleuse. J’ai tremblé pour toi et j’ai souffert de te faire trembler aussi, moi, qui souhaitais te protéger contre les vents dévastateurs.

 

Mais n’est-ce pas cela la vie? Jours de bonheur, jours d’épreuve et n’avoir jamais été seule pour y faire face parce que ta force est devenue la mienne.

 

L’enfant rêvé est devenu un homme, un amoureux, un père de quatre enfants. Tu as multiplié les amours de ma vie.

 

Je suis fière d’avoir porté en moi cet être magnifique, si merveilleusement attentif aux autres. Le petit garçon qui voulait que j’agrandisse la maison pour y accueillir les enfants délaissés n’a rien perdu de sa générosité.

 

Je suis très fière de toi, de ce que tu as choisi d’être. Pour cela et plus encore, en ce jour de ton anniversaire, je veux te dire merci. 

 

Ta maman




dimanche 17 septembre 2023

Lison Hovington partie trop vite, trop loin

Lison et sa sœur Claire-Hélène qui a pris soin d'elle jusqu’au bout.


Chère Lison,

 

Je ne peux pas croire mes mots surgissant du clavier pour dire tout mon chagrin, confrontée que je suis à la mort d’une amie si précieuse.

 

Lison, tu  étais comme un soleil qui enveloppait sans brûler. Un soleil doux permettant une floraison colorée dans les jardins les plus secrets de nos cœurs.

 

Nous étions toutes deux dans la jeune vingtaine quand, par nos métiers, nous nous sommes rencontrées. Par quelle magie, toi plus jeune que moi de 5 ans, tu es devenue la grande sœur que je n’ai pas eue. Tu as été le témoin de mes élans comme de mes peines, tempérant ma nature fougueuse lorsque tu devinais les dangers que je refusais de voir. Protectrice, là était ta magie. Et nous fûmes plusieurs à bénéficier de ce don généreux. 

 

Les rencontres professionnelles se sont multipliées. Nous nous sommes reconnues dans l’amour de la vie, le plaisir du rire, la quête de vibrer au talent et à la beauté des autres. Nous étions un terreau fertile où s’est épanoui une amitié qui aura duré un demi-siècle.

 

Il paraît qu’avant de mourir on revoit notre vie. Il y a donc une mort en moi, car défilent dans ma tête tous nos souvenirs. J’ai été témoin de tous tes combats, ceux du cœur, de la maladie. Tu étais arrivée à l’aube d’un nouveau bonheur, celui de vivre auprès d’une tendre présence fraternelle dans un lieu paradisiaque, délivrée des soucis financiers, te préparant à vivre de beaux voyages sur les traces de Paul Gauguin.

 

Tu n'as pas eu le temps d’imaginer que rodait en toi un ennemi redoutable menaçant ta vie. Tu as subi le choc d’un verdict qui criait à l’urgence d’entreprendre des soins. Une biopsie ratée, suivie d’un mois interminable d’une attente pour le diagnostic fatal. Tu t’es sentie abandonnée par un système déshumanisé.

 

Le temps est devenu ton objectif majeur. Gagner du temps pour retarder le plus possible ce départ non voulu. Tu as traversé quatre séances de chimiothérapie avec courage, subissant les contre-coups dans l’espoir de conquérir du temps pour vivre. Tu as retrouvé les plaisirs gourmands, franchissant chaque jour comme tu as franchi les marches de cet escalier construit pour toi afin de t’installer dans la cache à l’affût du gibier. Tu as retrouvé ton rire, reconstruit tes rêves de voyages lorsque tu as su que la tumeur était réduite de 40%.

 

Et voilà que, quelques jours plus tard, la grande faucheuse t’as surprise en prenant un autre chemin pour t’atteindre. Une embolie pulmonaire. Tu as sombré dans l’inconscience, malgré les soins des ambulanciers. Tu t’es envolée en quelques heures vers ton dernier et mystérieux voyage.

 

Tu t’es envolée comme un oiseaux s’élance hors du nid et c’est nous qui regardons l’immensité de cet espace vide de toi, les ailes brisées.

 

Tu te plaignais de manquer de livres, avides  de tomes de milles pages. Je les regarde ces livres préparés pour ce qui devait être notre prochaine rencontre, muets comme je peux l’être de tant de mots en deuil de toi.

 

Cette douleur que je ressens dans  cet ailleurs où tu es, je la perçois avec l’intensité d’une amitié si forte qui semble t’entendre me dire « vis Christiane, vibre de ce qui nous faisait vibrer, évoque nos souvenirs pour que je survive à travers toi comme à travers mes amours ».

 

Je le ferai Lison, comme le ferons toutes ces personnes que tu as aimées et qui t’aiment parce que, même dans cette mort qui tue un peu de nous, tu continues à nous faire grandir.

 

Ton amie

 

Christiane

 Un très beau témoignage de Daniel Giguère à TVA sur la carrière d'animatrice de Lison.

https://www.facebook.com/843930103/posts/10167755206205104/?mibextid=9R9pXO


 

 

 

vendredi 3 février 2023

Joyeux anniversaire Ariel

 

3 février 2023,

 

Un dictionnaire ne suffira pas pour trouver tous les mots qui te diront pourquoi mon amour pour toi grandit avec les années. Une encyclopédie peut-être ?

 

 Avant ta naissance, je croyais connaître le sens du mot « aimer ». Oui j’avais et je vivais les différentes nuances de l’amour. Mais ce que j’ai ressenti pour toi n’avait rien d’égal à cela. Cet amour-là m’envahissait comme un torrent dont la force m’emportait dans un univers inconnu, comme un feu me dévorant, comme un bonheur comblant toutes ce à quoi je pouvais aspirer, comme une douleur anticipée de ce que je pourrais souffrir de te perdre, pleurer de tes chagrins. M’abreuver de tes joies, de tes rires, de tes gestes de tendresse et me déchirer à tes peines, à tes larmes, à tes propres blessures.

 

 Voilà 40 ans que je vis cet amour. 40 ans que tu m’enchantes par ce que tu es, pour l’homme que tu es devenu , comme fils, comme amoureux, comme père qui s’est multiplié à la naissance de tes enfants qui sont, pour moi, le prolongement de toi - Un peu de moi - dont je suis aussi très fière.

 

Tu as donné de l’intensité à ma vie. Par toi, mes yeux ont vu plus grand. Mon cœur s’est encore plus ouvert à une humanité que tu as le don de regarder avec un véritable souci de comprendre. Ta générosité a amplifié la mienne. Je t’ai mis au monde par amour de la vie, mais toi tu as mis au monde une maman qui n’a pour regret que de voir que la vie passe trop vite.

 

En ce jour de ton anniversaire, je veux te dire MERCI Ariel, merci mon fils.

 

Que ce jour soit joyeux et le premier jour d’un avenir encore plus heureux

 

Ta maman

 

Quelques souvenirs 

 


 









 

jeudi 22 juillet 2021

Les Revenants d'Yvon Paré, une œuvre magistrale!

 


 

 

Lorsqu’un auteur met plusieurs décennies à écrire un livre, le lecteur peut bien lui consacrer quelques semaines à le lire. Il m’en a fallu six, alors que je dévore souvent plusieurs centaines de pages en un seul jour. Les Revenants, roman d’Yvon Paré, est sans conteste le roman d’une vie. Un roman qu’il faut absorber lentement pour en savourer toute sa richesse poétique, sa sensualité et cette introspection de l’être.

 

Faut-il égarer ses souvenirs pour vivre aussi pleinement le présent, pourrait-on se demander ? Richard-Yvon Blanc s’éveille dans une grande maison vide de La Doré, ne sachant plus qui il est. Son esprit est une page blanche où s’écrira chaque instant comme s’il était le premier. Un chat, Monsieur Melville partage son espace qu’emplissent les mots du Jack Kérouac dans le prisme de Victor-Lévis Beaulieu. Conscient de son amnésie, l’homme sans nom choisit de se nommer Presquil, disant de lui : « Je suis un rescapé, un survivant des trous noirs de ma mémoire. »

 

Sa solitude sera bien vite troublée par l’arrivée de personnages hétéroclites, venus dans l’intention avouée d’aider Richard-Yvon Blanc à retrouver la mémoire, tous l’ayant connu, tous témoins de sa vie antérieure.  Le couple Bach et Nokomis installé dans la maison voisine,  la sculpteure Flavie et son autobus cracheur d’huile, Félix sauveteur de maison ancestrale, vont patiemment tisser la toile du souvenir, ravivant sciemment la fêlure originelle, 1980 , le référendum sur l’indépendance du Québec alors que sombrait dans le NON le rêve d’un pays. Des mots qui l’agrippaient, brûlant d’un échec insupportable. « Les phrases, une fois libérées, personne n’arrive à leur mettre la main au cou. »

 

Page après page, Presquil, aborde le rivage de son passé. Les mots dont on l’abreuve reconstruisent les pans  du souvenir, déconstruisant le mur de l’oubli qu’il a dressé contre Richard-Yvon.

 

Une méditation, une introspection,  une contemplation, ainsi va ce roman particulier empreint d’une vaste culture littéraire et d’un douleur réelle des humiliations subies, des échecs répétés dans la quête d’un pays avorté. Par la voix de ses personnages, Yvon Paré évoque les années intenses aux musiques de Manège, Harmonium, Beau Dommage, Octobre. Ainsi qu’au martellement des bottes lors des mesures de guerre, en 1970 : « Le Québec frémissait sous les pas des militaires. Nous n’étions que des lâches et des misérables. Ça me tuait d’y penser. Pas même capable de déclencher une grève générale! Nous avions laissé nos poètes croupir en prison. »(P. 162)

 

Tandis que Presquil s’emplit le regard de la couleurs des fleurs sauvages et du vol des oiseaux : « Les oiseaux volaient si près d’eux parfois qu’ils étaient secoués par le tourbillon de leurs ailes »(P. 45), il respire les odeurs de la faune et de la flore, goûte aux plaisirs des fruits tendres et de la chair. 

 

Se reconstruit un passé  morcelé : « Ma tête est pleine de courants d’air et entre ma vie d’avant et celle de maintenant, se faufile cette frontière, un fil, une autoroute, je ne sais pas. […] Je suis un spasme dans un nœud du temps, une déflagration qui me pousse à la frontière de l’imaginaire. […] Ma vie est une énigme. Je suis et ne suis pas. » (p. 204)

 

 

Tout simplement magistral!

 

Christiane Laforge

22 juillet 2021

 

***

 

Autres analyses sur ce livre :

 

 

https://passionchronique.blogspot.com/2021/05/yvon-pare-les-revenants-montreal-pleine.html?

 

https://www.journaldemontreal.com/2021/06/26/revivre-1980-de-lechec-a-la-poesie?fbclid

 

https://dominiqueblondeaumapagelitteraire.blogspot.com/2021/05/le-temps-des-hommes-et-des-betes.html?

lundi 1 février 2021

L’Autre, un bel opus signé Arsenault-Langevin



 

Roger Langevin, parolier et Serge Arsenault, compositeur et interprète ont dépassé le climat pandémique maussade pour nous livrer un album tout en tendresse. Dix chansons qui sont comme une caresse à l’âme. Certains textes de Roger Langevin nous griffent le cœur par le chagrin exprimé. Mais cela est dit avec tant d’amour et  d’intensité qu’il donne de la beauté à ce qui pourrait être triste.

 

La musique de Serge Arsenault danse les mots à différents rythmes, légers parfois, intimistes souvent, avec sobriété, permettant aux mots de s’y épanouir. Les arrangements de Raphaël D’Amours, multi-instrumentiste multiplie les genres avec doigté, comme un marin sachant d’où vient le vent. D’autres collaborateurs, choristes, graphiste et autres ont contribué à la réalisation d’un album de classe, qui nous offre 10 chansons dont aucune ne permet l’indifférence..

 

Ma tourtelle

Chanson amoureuse

  

Les notes sont comme des gouttes d’eau perlant sur le visage de l’aimée.

Un rythme folk joyeux comme un sourire malgré la tristesse du souvenir.

 

Souviens-toi

Chanson d’amour

Comment exprimer la douleur de voir l’être aimé disparaître dans les brumes de l’absence de ses souvenirs ? Roger Langevin évoque, par anticipation, cette rencontre impossible entre l’amour de sa vie désormais perdue dans un univers parallèle où elle attend son amant de toujours pourtant chaque jour à ses côtés. Rien de mélodramatique dans ce beau texte habillé d’une musique sobre et chantée avec émotion par Serge Arsenault, dont les accents fragiles de sa voix donnent l’impression qu’il parle de sa propre histoire, s’appropriant les mots d’un autre comme si ils étaient siens. C’est troublant, émouvant et ne pourra que toucher toute personne confrontée à cette cruelle maladie que l’Alzheimer.

 

Les clics

Un rythme vif

 Comme un coup de vent rafraichissant, après l’intensité des deux premières chansons, survient «Les clics » évoquant cette nouvelle manie que notre société a développée envers l’Internet où plutôt que de consulter nos livres, nous confions nos questions aux moteurs de recherche,. « Tout savoir si tu veux/ est à portée du doigt/ En tous lieux sur la terre/ Peu importe  où tu sois ». L’humour au service de faits avérés.

 

L’autre

Belle intro au piano.

Passe le temps trop vite et il y urgence de vivre. Il faut avoir vécu pour saisir toute la vérité de ce texte. Il y a tellement mieux à vivre que les conflits. « Pourquoi ne pas alors/ Avant l’inévitable/ Se tenir la main/ S’asseoir à la même table?» pour terminer dans cet appel : «Le temps passe/ Il y a la vie qui nous unit/ Le temps passe, le temps presse/ Je ne serai pas l’autre/ Mais ton ami. »

 

La banquise

Des notes sur lesquels on glisse agréablement

À l’écoute de cette chanson, portée par une musique enlevante, on a l’impression de s’immiscer dans un court métrage. C’est très visuel et poétique.

 

Le chant d’honneur

Rythme martial

Je n’ai pu m’empêcher de penser à Claude Léveillée, terrassé en plein spectacle par une hémorragie cérébrale en 2004. Mais en Cliquant sur Google (Eh! Oui) plusieurs ténors et comédiens, au Québec et ailleurs, ont succombé à une crise cardiaque devant public. Cette chanson, porte bien son nom « Chant d’honneur ». Y aurait-il des morts plus belles que d’autres, « Mourir d’une crise de cœur/ Sur scène devant public  […) une occasion unique», ce chanteur qui survit « Car on entend encore/ Sa voix sur un CD ».

 

Adieu Mado

Chanson nostalgique

Une musique dépouillée, intime, qui raconte une amitié, évoquant les souvenirs partagés qui survivront à la mort. Reste le visage à jamais figé dans sa jeunesse.

 

 Le mur

Un texte qui va plus loin que ce qu’il dit

Un mur qui nous incite à penser à tous les murs qui séparent les uns des autres. Un chant universel.

 « Hier l’indifférence/ Et le chacun pour soi/ Nous isolait l’un l’autre/ Sur la terre où qu’on soit./ C’était un mur de peur/ De haie de mépris/ L’ennemi c’était lui/  On le sait aujourd’hui.

Un chant d’espoir et de foi en l’amour, superbement mis en musique. Un beau chœur composé de Serge Arsenault, Marie-Anne Arsenault et Raphaël d’Amours. Ce dernier a aussi fait les arrangements, la réalisation de cet album.

 

Définitivement

Une continuité à Souviens-toi

 On hésite entre les larmes et la séduction. Ce texte est de toute beauté et trouvera écho auprès de nombreuses personnes devant traverser  «Définitivement » ce deuil d’une personne aimée encore vivante. Interprétée avec justesse par Serge Arsenault, c’est une chanson coup de cœur, sobre et si riche à la fois. Cette démence survenue sournoise et, comme le dis le poète

 « Tu es là, je te vois/ Pourtant tu es une autre/ Un instant je revois/ L’amour qui fut le nôtre./

Poursuivant «À l’éclair d’un coup d’œil/ À ce rire tout à l’heure/ Venu teinter mon deuil/ D’un éclat de couleurs/. »

 

La mer si bleue

La mer dévorante

 Ne pas se surprendre à ce que la dernière chanson évoque la tempête. La vie est un navire voguant sur l’océan dont les marins épris sont souvent la proie dont elle s’empare. L’amour, la vie, la mort, un même cercle infernal qui unit et sépare les amants.

Surtout ne pas croire que cet album est tissé de tristesse. Il est émouvant, troublant par les émotions qu’il avive, mais dans le ton musical, dans l’interprétation, avec des arrangements musicaux  en harmonie avec les mots, le tout accompagné de chœurs subtilement intégrés. On l’écoute séduit, ému et, curieusement, apaisé de nos propres deuils présents et à venir.

 

Christiane Laforge

1er février 2021

 

Pour en savoir davantage, voir le lancement virtuel de L’Autre qui a eu lieu de vendredi 15 janvier.

 

https://www.facebook.com/arsenaultlangevin/videos/1878018312350585

 

Voir aussi la page Facebook arsenaultlangevin :

https://www.facebook.com/arsenaultlangevin

 

 

Roger Langevin sera reçu Membre de l’Ordre du Bleuet, lors du prochain gala honorifique qui devrait avoir lieu à Alma le 5 juin 2021.

samedi 25 avril 2020

Lettre à mon petit-fils Victor Laforge pour son 11e anniversaire

 
Cher Victor

Victor Laforge et sa Mamieke



Aujourd'hui, ce 25 avril 2020 tu fêtes ton 11e anniversaire de naissance. Tu fêtes la 11e année de ta vie. Et je me dis qu'il est temps de t'écrire tout l'amour que j'ai pour toi.  

Tu es l'enfant, le deuxième enfant d'un amour partagé entre Ariel, mon fils, et Andrée-Anne, ma belle-fille. Tu es l'enfant d'un désir lucide, songé et voulu par ce duo amoureux de donner la vie. À ton âge, ton papa parlait déjà de ses futures enfants. Tous les jeux et les livres qui le passionnaient ne devaient être ni donnés et encore moins jetés, car ils étaient conservés pour ses enfants. Avant de se connaître ton papa et ta maman avaient ce même projet de vie.

Ta grande sœur Élika, avait déjà fait de moi une grand-maman. Avec elle j'ai vécu ce phénomène étrange et merveilleux de renaître autrement. L'amour inconditionnel et fulgurant que l'on découvre à la naissance de son propre enfant (que l'on soit mère ou père) provoque un sentiment puissant qu'on ne s'imagine pas revivre. Devenir grand-parent est tout aussi intense. Mais il y a une différence. On hérite du meilleur. L'amour sans la responsabilité quotidienne et ses exigences. 

Je dois te faire un aveu. Je me demandais comment j'allais pouvoir t'aimer autant que ta grande sœur, tellement elle occupait mon cœur et mes pensées. Et toi, petit homme, avec ton sourire irrésistible, ton abandon confiant dans mes bras te berçant, tu m'as révélé que le cœur est une organe qui grandit. Toi, à peine né, tu m'as permi de grandir.

Merci Victor. Tu m'as tellement appris sur moi-même et sur la vie. Je succombe au charme de ta gentillesse, de ton humour, de ton espièglerie et de ta façon d'exprimer ta tendresse. 

En cette année 2020, bien que je ne pourrai te serrer dans mes bras, comme sur la photo de mon anniversaire en 2018, tu demeures  mon espoir de lendemains heureux et complices. Ta présence, ton existence me convainquent de croire en la beauté du monde.

Joyeux anniversaire mon Victor. Célèbre bien chaque jour de ta vie. 

Pour résumer cette lettre, je n'ai que ces mots : je t'aime

Ta Mamieke


mercredi 26 février 2020

LE GRAND DÉPART DU CINÉASTE JEAN-LOUIS FRUND


Photographe de grand talent, Jean-Louis Frund a accompagné Félix Leclerc dans ses tournées en France dans les années 1960 et est devenu cinéaste de la nature au début des années 1970 , bien avant que ce ne soit à la mode. PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL


Le 29 janvier dernier, le cinéaste Jean-Louis Frund fermait les yeux sur cette nature qu’il a tant aimée et filmée. Un choix ultime, mettant fin aux souffrances d’une maladie fatale, accompagné qu’il était dans ses derniers jours de ses amours et amis.

Je n’aurai connu cet artiste qu’en cheminant sur la voie de l’amitié. J’écrivais ma peine devant l’imminence de la mort de Gatien Moisan, peintre et ami de longue date. Sous les mots de la réponse reçue, j’ai ressenti l’écoute attentive et la compréhension. Et pour cause! Nous vivions le même chagrin pour les mêmes raisons, alors que mon interlocuteur était le témoin de la dernière étape de la vie de son grand ami Jean-Louis.

En me parlant de lui, le sculpteur Roger Langevin me faisait découvrir ce cinéaste de talent, né le 5 janvier 1936 à St-Thomas Didyme.  Sa ville natale lui a consacré une page pour souligner la prestigieuse carrière du 9e enfants du couple Albina Perreault et Donat Gravel. Orphelin en bas âge, recueilli par un voisin dont il a pris le nom, Frund, Jean-Louis a débuté comme photographe de presse à Chicoutimi et à Montréal, métier qui lui a permis d’accompagner Félix Leclerc lors de sa deuxième tournée en France.   

« Producteur et réalisateur de plus de 47 films, Jean-Louis a reçu de très nombreuses distinctions, dont la médaille de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres qui lui a été remise par le ministre français de la Culture et de la Francophonie, Monsieur Jack Lang. Son plus grand honneur est certes celui d’être distribué dans 65 pays et vu par des centaines de milliers de téléspectateurs. »
 (Source)

En 1998, le cinéaste prend sa retraite mais non pas l’homme. « Ébéniste de talent, outre l'entretien et l'aménagement d'une forêt de 40 arpents, il a entrepris de ses mains une plantation de plus de 3800 arbres : 27 essences de feuillus et 8 essences de conifères. »

 Sur le site de la municipalité, on retrouve plusieurs liens pour sa biographie, sa filmographie et les honneurs reçus.

Roger Langevin

Le 29 janvier 2020, dernier jour de Jean-Louis Frund, Roger Langevin écrivait les paroles d’une courte chanson. Un texte sobre qui traduit bien cette intense émotion et aussi le désarroi au moment de l’adieu. Son ami, le compositeur interprète Claud Michaud (natif de Jonquière) l’a mise en musique. Ce jour, il m’a fait parvenir la version finale que je partage ici.


 
Chemise blanche, 
chanson écrite par Roger Langevin, le 29 janvier 2020,
mise en musique et interprétée par Claud Michaud
en guise d'adieu au cinéaste Jean-Louis Frund



Les médias ont été plus que discrets à l’égard de Jean-Louis Frund. Heureusement, un autre de ses amis, Claude Villeneuve, biologiste, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi et chroniqueur au journal Le Quotidien a livré un beau témoignage à la mémoire du réalisateur, dont voici un extrait :

Claude Villeneuve
 […] Être rédacteur n'est pas un métier facile, j'en conviens. D'autant plus qu'avec mon équipe de l'époque, nous avons eu la chance d'écrire les bandes sonores d'une série de 13 films de la série Histoires naturelles de Jean-Louis Frund. Je vous en parle aujourd'hui, car le mercredi 29 janvier, atteint d'un cancer incurable, il a demandé l'aide médicale à mourir pour aller voir ailleurs la nature d'un autre œil. 

Jean-Louis Frund fait partie des personnes exceptionnelles que j'ai pu côtoyer durant ma carrière. Natif de Saint-Thomas-Didyme et orphelin très tôt, il a été élevé par un voisin d'origine helvétique qui vivait dans le même rang. Né Gravel, il a pris le nom de son bienfaiteur. 

Photographe de grand talent, il a accompagné Félix Leclerc dans ses tournées en France dans les années 1960 et est devenu cinéaste de la nature au début des années 1970, bien avant que ce ne soit à la mode.

Il a produit 47 films en carrière, la plupart avec la complicité de son ami, l'éditeur Clément Beaudoin. Le cinéaste aventurier a fait des expéditions dans l'Arctique, en Alaska, à l'île de Sable et un peu partout dans la forêt boréale pour y filmer le comportement des animaux. Avec du matériel cinématographique qui paraîtrait aujourd'hui antédiluvien, il a ramené des images exceptionnelles. Les films de Jean-Louis ont été vus par des centaines de milliers de personnes dans une soixantaine de pays à travers des diffuseurs prestigieux comme Discovery Channel. 

J'ai la chance de fréquenter Clément et Jean-Louis depuis 25 ans. J'ai beaucoup appris en leur compagnie. Un grand homme nous a quittés.  (version complète ici )

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Voici des notes biographiques trouvées sur le lien de St-Thomas-Didyme sans que soit identifé l'auteur.
 


Réalisateur, caméraman, producteur, né en 1936 à St-­ThomasDidyme, au Lac-­St-­Jean, Québec. Dès l'âge de vingt ans, il se passionne pour la photographie. Issu d'une famille de photographes, c'est dans le studio de ses oncles qu'il apprend à manipuler ses premiers appareils. Par la suite, il suit des stages avec le célèbre photographe­illustrateur Arik Nepo de New-­York. Il travaille quelque temps auprès du portraitiste Elefsen de Chicoutimi et étudie la couleur au Studio Lumière à Ste-Hyacinthe et chez Professionnal Color Services à Montréal.

En 1960, il travaille comme photographe­reporter au magazine McLeanActualité ainsi qu'à RadioCanada. En 1961, au cours d'une exposition de ses photos à Val Menaud (au Saguenay), il fait plusieurs rencontres qui seront déterminantes : Félix Leclerc, Gilbert Langevin, Jean Gauguet­Larouche.

En 1964, il tourne ses premières images à l'Île d'Orléans, auprès de son ami, le poète et chansonnier Félix Leclerc qu'il a accompagné à Paris l'année précédente. Ces séquences seront reprises dans le film de Jacques Gagné intitulé Pieds nus dans l'aube qu'il produira trente ans plus tard en 1994.

Il réalise son premier film, Jean­Gauguet Larouche, sculpteur en 1966. Portrait d'un créateur marginal et intense. Lors de l'Exposition universelle de 1967, il photographie diverses activités au pavillon de la France et prépare l'exposition intitulée l'Amitié FrancoCanadienne, regroupant des illustrations et cartes géographiques des premiers explorateurs Français en Amérique.

En 1968, il co­réalise avec Jean-­Claude Labrecque un moyen métrage sur Félix Leclerc, intitulé La Vie. Cette même année, il présente une exposition photographique portant sur de nouvelles expérimentations techniques à la Maison des Arts la Sauvegarde à Montréal.

De 1968 à 1970, il s'isole de plus en plus à la campagne où sa passion pour la nature l'amène à produire Connaissance du Milieu, une série de six diaporamas pour le ministère de l'Éducation du Québec.

En 1970 il participe à une importante exposition dans le Grand Nord à la rivière Korok, et l'année suivante, il effectue un diaporama de plus de 200 photos sous le thème Les oiseaux l'hiver pour le Musée des sciences naturelles d'Ottawa. Il débute sa carrière de cinéaste animalier à l'Office national du film où il réalise La volée des neiges, un film sur l'oie blanche tourné dans l'Arctique et dans la Réserve nationale de Cap-­Tourmente. Suit la réalisation, toujours pour l'ONF, du film Le grand héron, où il nous livre des images inédites de cet oiseau dans ses lieux de reproduction, l'estuaire du SaintLaurent.

En 1978, il fonde sa propre maison de production, Les Productions JeanLouis Frund Inc. qui compte maintenant plus de trente films à son actif. De 1980 à 1983 il produit et réalise une série de douze courts métrages pour les télévisions de RadioCanada et de Radio-­Québec. Il intitulera cette première série Connaissances du milieu; on y retrouve plusieurs films tournés dans l'Arctique, dont Omingmak, le boeuf musqué, Le vrai combat de l'orignal et la saison des amours de l'orignal, Migrateurs et résidents de l'Arctique, Du glacier à la plaine, Une oasis Arctique.

Il s'intéresse particulièrement à la Vallée du Saint-­Laurent, avec Les oiseaux pêcheurs et Les Pingouins du Saint-­Laurent. Il se rend en Islande pour des séquences de La grande couvée, l'Eider duvet.
De 1984 à1987, il produit, toujours pour les télévisions de Radio-­Canada et de Radio-­Québec, une nouvelle série de sept films: Faune Nordique. Cette série le ramène plusieurs fois dans l'Arctique pour le tournage du Renard Arctique et cette fois il se rend jusqu'à la Terre de Feu, pour y tourner Cap au Sud sur la migration des oiseaux. Il a parcouru les États-­Unis pour le tournage du Bison et de l'Antilope d'Amérique ainsi que Le cerf de Virginie. Il nous révèle ses techniques et sa grande dextérité comme caméraman dans Avoir des ailes, un film consacré entièrement au vol.

De 1988 à 1990 la série Faune nordique II est produite et réalisée pour Radio-­Canada, Global Television Network, TVOntario et Discovery Channel. Huit films pour lesquels il sillonnera le Canada d'Est en Ouest, pour y rapporter les superbes images de l'Île de Sable, pour le Phoque Gris, les Chevaux de l’Île de Sable et le Secret du loup, ainsi que pour Fiançailles dans le marais et L'Otarie de Steller, aux Archipels de la Reine Charlotte en Colombie-­Britannique. Dans cette même série, Les Oies de Konrad Lorenz ainsi que La Mère substitut ont nécessité plusieurs tournages à Grunau en Autriche.

En 1989 il termine Avoir du panache, documentaire d'une heure, véritable monographie sur l'orignal. En 1990, il prépare un projet en 35mm pour salles, Avoir des Ailes, qui ne verra jamais le jour. Pour en effectuer la recherche et le développement, il se déplacera jusqu'en Nouvelle-­Zélande, Hawaï, Tahiti, aux Galápagos, en Argentine, au Costa Rica. Cette même année, il produit Derrière la Caméra où il nous livre les secrets de son métier. En 1994, une année productive, il termine la production de trois documentaires d'une heure/télé : Pieds nus dans l'aube qui a été réalisé par Jacques Gagné à partir des images et des nombreuses photos qu'il a prises au cours de ses rencontres avec Félix Leclerc.

Il a produit et réalisé De ma Fenêtre,où il nous dévoile le fruit de ses nombreuses années d'observations. Ce film a remporté le prix du meilleur court métrage aux 12e Rendez-­vous du cinéma québécois ainsi que Prix de la Côte Picarde au Festival du film de l'oiseau à Abbéville en France. De ma fenêtre a également remporté le prix du meilleur film scientifique québécois au 5e Festival International du Film Scientifique ainsi que le grand prix du Jury au Premier Festival Agrovidéo. Le prince Harfang, a été présenté en première mondiale à l'occasion de la rétrospective de ses films au Quatrième Festival du Film québécois de Blois.

C'est au cours de cette manifestation qu'il est nommé Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture et de la Francophonie de France. La médaille lui a été remise par Monsieur Jack Lang, maire de Blois en présence du délégué général du Québec à Paris et des nombreux participants. Le prince Harfang remportait le Prix de la Ville de Montréal pour le meilleur film scientifique sur l'environnement à l'occasion du 6e Festival International du Film Scientifique du Québec. Le 29 février 1996, le film était présenté au Muséum des Sciences naturelles de Paris. Cette projection fut suivie d'un échange avec l'auditoire.

Histoires naturelles, une série de 13 documents d'une heure, réunit l'ensemble de son oeuvre pour diffusion au Canal D, à Discovery Channel et à CFCF en 1998. Cette même année, il livre son dernier film, Boréalie/Sylva Borealis, un documentaire de deux heures portant sur la forêt boréale qui a été produit pour les télévisions de Télé-­Québec, Radio-­Canada, TV 5 et pour la Télévision Suisse Romande, ainsi que pour Discovery Channel, dans sa version anglaise.

Fin connaisseur de la nature et effectuant des recherches scientifiques rigoureuses, l'œuvre de Jean-­Louis Frund est caractérisée par des images uniques, un commentaire original et un véritable sens de la construction dramatique. Très respectueux des espèces qu'il filme, il est sensible avant tout aux comportements des individus qu'il choisit de nous présenter dans leur décor naturel. Récipiendaires de nombreux prix, ses films sont vendus dans soixante pays, dont les États-Unis, la France, l’Allemagne et le Japon et rejoignent plus de cent millions de téléspectateurs à travers le monde.

En avril 1998, les enfants lui rendent un hommage à l'occasion du 4e rendez-­vous international de cinéma jeune public, Les 400 coups. Son dernier film Boréalie est présenté en première mondiale à la cinémathèque québéquoise lors de la clôture de cet événement et sera lancé à Québec quelques semaines plus tard. Boréalie marque l'ouverture du Festival International Téléscience à Montréal et au Musée de la Civilisation à Québec. Il a été présenté au Muséum des Sciences Naturelles à Paris. À l'occasion du Printemps du Québec à Paris, Boréalie a été projeté au Palais de la Découverte ainsi que dans une station de métro dans une mise en scène de Robert Lepage.